Zoé Bernardi | Les mots de la tribu
Zoé Bernardi est artiste et réalisatrice. De 2019 à 2024, Zoé étudie aux Beaux-Arts de Paris au sein de l’atelier Clément Cogitore, Valérie Jouve et Agnès Geoffroy dont elle sort diplômée avec les félicitations du jury en juin 2024. Elle s’attelle à montrer la puissance de la singularité, et comment la marginalité s’articule en miroir de la norme. Elle utilise l’intimité comme lieu d’expérimentation et s’est tournée vers son cercle communautaire proche, vers les minorités sexuelles, sociales et de genre, les monstres qui n’en sont pas. Entre intime et social, douceur et violence, monstruosité et poésie, soin et plasticité, elle hésite à dessein. Elle a eu le plaisir d’exposer à la galerie Kamel Mennour, à Photo Saint Germain, au Centre Culturel Jean Cocteau, à la Fondation Ricard, au Palais de Tokyo ou encore au Louvre. Elle est résidente aux ateliers Wonder.
Tout commence en 2020, dans l’enfermement imposé de la pandémie. Pour Zoé Bernardi, vivre confinée avec les siens soulève une question : que veut dire faire famille ? Au-delà du sang, au-delà de la transmission, c’est le cercle qui l’intéresse — ce qui définit « sa bulle » et la tribu. Chez Zoé Bernardi, tout commence par une constellation de corps aimés, partagés avec tendresse. Les corps d’une famille « Frankenstein » : recomposée, troublée, éclatée. Elle les photographie comme on veille, les filme comme on écoute. Dans cette proximité radicale, l’artiste déploie une esthétique de la douceur, du soin et de l’indiscipline.
La tribu n’est pas une unité stable : c’est un écosystème queer, solidaire, fragile dont les contours palpitent. On y entre comme on entre en confidence. Les images de Zoé Bernardi dérangent la posture du regardeur·euse, invitent au trouble et à la complicité. Photographier, ici, c’est aimer.
Ses œuvres se tissent dans une économie affective, loin de tout impératif de rentabilité ou de neutralité. Elles se tiennent à la frontière entre le document et le rituel. En ouvrant le cercle de la tribu, l’artiste documente une histoire que l’on ne voit jamais. Une résistance douce et féroce, ancrée dans les gestes du quotidien et le regard d’une enfant qui a grandi.
Derrière cette intimité construite, gagnée sous l’égide de l’appareil photographique ou de la caméra ; Zoé Bernardi capte, saisit nos fragilités manifestes, nos conceptions de la famille… La mécanique photographique dérobe le signifié, pour dévoiler quelque chose de plus, gratter le vernis, la surface protectrice et ainsi mieux révéler nos propres vulnérabilités.
Jeanne Mathas
Historienne de l’art, critique d’art et commissaire d’exposition.
Visite libre et gratuite de l’exposition du lundi au jeudi de 10h à 17h30, le vendredi de 10h à 12h30. RSVP : 3-5friedland@sisley.fr
Convaincu que la scène émergente contemporaine a besoin d’être soutenue, Sisley en partenariat avec les Beaux-Arts de Paris, lance ce prix en 2020, qui entend rendre compte de l’exceptionnelle qualité de la formation prodiguée aux Beaux-Arts de Paris et accompagner les jeunes artistes diplômés. Cette distinction récompense le travail de jeunes diplômés avec une bourse et une exposition chez Sisley.
Chaque année, un jury d'exception constitué de personnalités d'influence se réunit pour débattre sur les candidatures des diplômés de cette école participant à ce Prix. En 2025, ont été réunis aux côtés de Christine d’Ornano (Directrice Générale de Sisley et Présidente de ce jury) : Nina Jayasuriya (Artiste et lauréate du Prix Sisley Beaux-Arts de Paris pour la Jeune Création 2024), Leila Slimani (Écrivaine), Mathieu Lehanneur (Designer), Katherine Elizabeth Flemming (Presidente J. Paul Getty Trust), Mariane Ibrahim (Galeriste), Kathy Alliou (Directrice du département des Oeuvres des Beaux-Arts de Paris), Katell Pouliquen (Directrice des rédactions Marie-Claire), Charles Carmignac (Musicien et directeur de la Fondation Carmignac), Christophe Leribault (Président du château de Versailles), Aline Asmar d’Amman (architecte et architecte d’intérieur, fondatrice de Culture in Architecture), Julien Sirjacq (Artiste et professeur aux Beaux-Arts de Paris), David-Hervé Boutin (Animateur, Coordinateur du Jury)


